Le calendrier de la WTT n’aura guère laissé de répit aux forçats du circuit mondial et l’élite mondiale dont fait partie notamment le trio occitan Félix et Alexis Lebrun – Simon Gauzy (le premier à 14 h contre Anders Lind et le troisième, à 20 h 15 face à Lee Sang Su en quarts de finale ce samedi à Francfort alors qu’Alexis Lebrun a été éliminé vendredi par un Anton Kallberg de gala) sévit en Allemagne depuis le début de semaine pour le WTT Champions où, en l’absence du quatuor des ténors chinois (Wang Chuqin n. 1, Lin Shidong n. 2, Liang Jingkun n. 6 et Xian Peng n. 10) tourné vers les National China Games, le Brésilien Hugo Calderano, le Japonais Tomokazu Harimoto, le Suédois Truls Möregardh (sorti au 1er tour) et Félix Lebrun étaient respectivement têtes de série n. 1, n. 2, n. 3 et n. 4. Mais les commentaires, témoignages et perspectives sont bien là pour le prouver, la 2e édition du WTT Champions Montpellier, un tournoi d’ores et déjà dans les tous meilleurs de la planète, est restée dans toutes les mémoires de quoi justifier ce retour sur l’un des événements majeurs dans la Métropole.

TRULS MÖREGARDH, UN MUST POUR LE PALMARÈS
Avec un numéro 5 mondial à la succession de Félix Lebrun, le palmarès de la toute jeune épreuve a belle allure. Vice-champion olympique à Paris, vice-champion du monde (2021), champion d’Europe, lauréat cette année du WTT Europe Grand Smash (l’équivalent des Grand Chelem au tennis) à Göteborg (il aura été le premier européen dans ce cas) aux dépens du Chinois Lin Shidong (numéro 1 mondial) ou encore vainqueur de la Ligue des Champions avec le FC Saarbrucken, Truls Möregardh (23 ans) a fait un très beau champion du côté de la Sud de France Arena. Lors de son parcours victorieux, le natif de Hovmantorp a battu Kallberg (3-0) en 16e, Ovtcharov (3-1) en 8e, Dang Qiu (4-2) en quarts de finale, Alexis Lebrun (4-1) en demi-finale et Soro Matsushima (4-0) en finale au terme d’une journée dominicale (demie puis finale) qu’il a survolé. Pas anodin, l’homme à la raquette heptagonale (avec 11 % de zone de toucher en plus dans la zone de frappe et un poids légèrement supérieur aussi) n’avait pas participé aux championnats d’Europe par équipes à Zadar (12 au 19 octobre) avec la Suède et y a certainement gagné un surplus d’énergie en vue de Montpellier.

Du côté des féminines, le plateau, de bonne facture, a été marqué par de multiples surprises aussi avec la disparition des têtes de série n. 1, 2, 4, 7 et 8 (!!) dès le 1er tour. Il y avait que trois Françaises dans le tableau, deux d’entre-elles opposées au 1er tour, Pritikha Pavade éliminant Charlotte Lutz (3-2) avant de résister très honorablement (défaite 2-3) en 8e face à une Miwa Harimoto (7e au classement mondial) déjà tombeuse de Jia Nan Yuan au 1er tour (3-0). En finale, la Chinoise Wan Yidi une ex. n. 2 mondiale (5e au moment du WTT Champions et tête de série n. 3) a vaincu au finish en sauvant même une balle de match, la surprenante allemande Sabine Winter (26e) 4-3 (8-11 10-12 11-5 11-4 6-11 12-10 11-9). Elle succède ainsi au palmarès à la Japonaise Satsuki Odo, championne en 2024. On ajoutera, cerise sur le gâteau, les belles prestations de la joueuse brésilienne de l’Alliance Nîmes Montpellier TT, Bruna Takahashi qui n’a cédé (2-3) en 8e de finale que face à la future lauréate en ayant mené 8-5 au 5e set.

UN LEBRUN PEUT EN CACHER UN AUTRE
Félix Lebrun avait gagné, personne ne l’a oublié, la première édition de ce WTT Champions en 2024 et de bien belle manière. Le cadet des Lebrun n’a pas connu la même réussite et là même où il avait dominé le 26 octobre 2024, son frère aîné, Alexis, pour la toute première fois de façon officielle… il a concédé, ironie de l’histoire, son premier échec (2-3) face à son coéquipier tricolore, Simon Gauzy qu’il avait battu à sept reprises par le passé, dès les 8e de finale. « On a joué des centaines de fois jusqu’à ce qu’il arrête cette série. Je ne pense pas que ce soit dû à l’atmosphère, j’ai pris beaucoup de plaisir du reste. Non, ça a été une question de tactique sur ce match et j’espère le battre la prochaine fois (sourire)… Je ne connais pas les « stats » mais j’ai gagné autant que perdu des 3-2 cette saison, avec des hauts et des bas, dans la continuité. Il y avait cet objectif de titre de champion d’Europe par équipes qui a été atteint et change clairement la saison » a analysé avec lucidité, la tête de série n. 3 du tableau. Son bourreau, Simon Gauzy était, lui, presque gêné d’avoir sorti son copain. « Il sait que je joue très bien en ce moment et que sur les meilleurs, je suis capable de les accrocher ou de les battre (NDLR, ce qu’il a prouvé à Francfort en s’offrant le scalp de Calderano). Cette dynamique en France, elle est dingue et c’est aussi grâce à lui, et je le remercie, que je joue aussi bien. Tout ce qu’il fait, tout ce qu’ils font, ça me pousse » avait commenté l’intéressé après son exploit réalisé devant quasiment toute sa famille. Le Toulousain chutera ensuite en quarts de finale contre Sora Matsushima (1-4). La meilleure « perf » aura donc été à porter au crédit d’Alexis Lebrun avec une victoire par abandon (à 2-0 en sa faveur) sur Quadri Aruna, un exploit renversant face à la tête de série n. 2, le champion d’Asie, finaliste du Grand Smash des Etats-Unis, le Japonais Tomokazu Harimoto (4e mondial) 3-2 en ayant été mené 2 sets à 0, puis surtout 10-6 à la belle, soit 4 balles de match, une qualification pour le dernier carré presque classique contre le Slovène Darko Jorgic (10e mondial) avant la porte de sortie indiquée par un Truls Möregardh juste strastophérique et injouable ce jour là. « C’est dur, j’ai l’impression qu’il a été bien meilleur que moi. Mais il est très en forme en ce moment et ça me montre que j’ai encore du chemin à faire. Ceci dit j’ai fait un super tournoi et je suis de retour parmi les tous meilleurs, en ce moment, il est encore au-dessus et sur cette rencontre, j’ai pris beaucoup de coups », avait estimé un Alexis tout à fait lucide à l’heure d’analyser cet échec et ne souhaitant surtout pas mettre sur le compte de la fatigue cette élimination.

SPECTATEURS A LA HAUSSE
Si cette 2e édition avait démarré « timidement » au niveau fréquentation eu égard à la qualité du plateau, la fréquentation des trois derniers jours a eu de quoi faire des envieux sur le circuit mondial. Après les 41 000 spectateurs recensés en 2024, ils auront été 43265 cette année, soit du + 5%. « C’est vraiment Top. L’an passé, on surfait sur une vague Jeux Olympiques, ce qui n’était pas le cas cette année. Par comparaison, il y a eu 21 000 billets de vendus en 2024 à Francfort et cette année, ils en étaient à 9000 à J-2 » constate avec fierté Christophe Legoût, directeur sportif à la FFTT. Voilà assurément un bon point pour l’avenir de la compétition.

UN AVENIR ENCORE INCERTAIN
Si le WTT Champions de Montpellier (l’équivalent du Rolex Paris Masters exilé à Paris La Défense Arena cette année) reviendra en 2026 à la Sud de France Arena selon le contrat de 3 ans initial, quid de la suite ? Lors de sa venue à Montpellier, Steve Dainton, le directeur général australien de la World Table Tennis (société commerciale chargée par l’ITTF d’organiser le circuit international) a clamé son amour pour le rendez-vous, son ambiance, l’une des plus belles salles, l’enthousiasme du public… mais il a aussi laissé planer le doute sur la poursuite du contrat en 2027, faisant part de sa satisfaction et son envie de continuer en France à Montpellier… ou ailleurs, les sites parisiens de la récente Adidas Arena et l’Accor Arena, avec des capacités nettement supérieures, retenant son attention. Le président de la FFTT, Gilles Erb, qui avait été échaudé par l’échec de la candidature de Montpellier pour les Mondiaux 2027, serait, lui, plus partant pour « un événément décernant un titre ou qualifiant pour les Jeux Olympiques. Je crois que l’on pourrait imaginer un Grand Smash plutôt vers 2028 ou 2029 » avait-t-il confié au journal « L’Equipe » en complément du Champions de Montpellier « une pépite » (sic). Très impliqué dans le rendez-vous avec sa casquette de directeur sportif de la FFTT, Christophe Legoût tirait son propre bilan, aucun débriefing n’ayant encore été effectué : « De façon globale, je suis super satisfait mais moins que l’an passé où il y avait eu du stress toute la compétition. Là, c’était mieux préparé, on a eu moins de stress et on est montés d’un cran sur plein de choses. La petite déception, c’est qu’il n’y ait pas eu de joueur français en finale. On a eu un moment un peu dommageable avec des problèmes de train pour rejoindre Montpellier avant la compétition et ce bémol avec la célébration de l’équipe de France championne d’Europe juste avant la session du vendredi soir où l’on aurait aimé plus de monde mais les gens étaient très actifs sur les animations. » Au sujet de l’avenir, l’oncle des frères Lebrun « comprend que la WTT se dise, s’il y a 6000 spectateurs à Montpellier, il peut peut-être y en avoir 10 000 sur Paris au delà de la question des coûts. Il y a des négociations entre la WTT, la FFTT, les collectivités… et je pense qu’il est difficile de se passer d’un tournoi qui se déroule très bien, va encore s’améliorer. C’est selon moi le 2e meilleur tournoi au monde et l’ambiance y est la n. 1. Rester à Montpellier et en organiser un autre à Paris s’inscrirait dans la logique des choses. » Un véritable avis d’expert, un ex. n. 14 mondial (avril 1999), multi-médaillé et parmi les hommes clés du ping tricolore.

CHRISTOPHE LEGOÛT, AVIS D’EXPERT
















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