ALEXIS LEBRUN, VAINQUEUR DU TOP 16, L’EUROPE à SES PIEDS

La Team Lebrun a encore frappé et cette fois-ci, c’était du côté de la salle omnisports du Pierrier à Montreux en Suisse, lors du Top 16 européen. Pour la 54e édition de l’épreuve (la 7e fois sur ce site, en deux épisodes), il avait été décidé par la Fédération européenne de tennis de table un certain nombre de changements parmi lesquels une table unique pour accueillir les deux tableaux étalés sur quatre jours, un système « KO » avec huit joueurs en qualifications pour 2 élus dans le tableau final, l’abandon des deux joueurs maximum par nation afin de vraiment réunir l’élite du Vieux Continent, des matches tous disputés au meilleur des 5 sets et enfin une nouvelle couleur de sol spécifique pour le Top 16, utilisée uniquement à Montreux ! Ce rendez-vous n’avait jamais trop réussi aux tricolores, le dernier et… unique du reste lauréat, Jean-Philippe Gatien, s’étant imposé, en 1997, à Eindhoven face à un Biélorusse, Vladimir Samsonov (4 fois titré). En version Top 12 jusqu’en 2015, la compétition a accueilli en Suisse son vingt-septième lauréat en la personne d’Alexis Lebrun qui a un sacré chemin à faire s’il veut prétendre rejoindre un jour sur les tablettes, le duo Jan-Ove Waldner – Timo Boll (7 titres chacun), éminents représentants des deux nations les plus primées, respectivement la Suède (14 fois) et l’Allemagne (13).

UN STADE DE PASSÉ AU NIVEAU ÉMOTIONNEL

Sur le parcours menant à cette première couronne, le n. 10 mondial (classement non pris en compte dans le cadre de cette compétition) a dominé dans l’ordre Daniel Habesohn (71e au classement WTT), un qualifié autrichien 3-0 en 8e, Dang Qiu (9e) un rival allemand régulièrement sur sa route ces derniers temps 3-0 en quarts de finale, Patrick Franziska (8e) cet Allemand bourreau de son cadet Félix en quarts de finale, 3-1 en demi-finale, enfin Darko Jorgic (13e) ce Slovène triple tenant du titre, 3-1 en finale, s’offrant un petit saut sur la table comme aux derniers championnats de France à Montpellier. Un succès énormissime synonyme de doublé Championnat d’Europe – Top 16 !! Alors pourquoi tout s’est mis en place « aujourd’hui » ? « Tout est atypique » en sourit Nathanaël Molin, meilleur entraîneur du monde 2024. En trois jours, “Alex” a aussi offert à son entraîneur, Nathanaël Molin, quelques belles remontada. « Sur ses deux victoires 3-0, il a été mené nettement à quatre reprises, notamment 2-9 face à Dang Qiu au 2e set avant de se reprendre, il a travaillé pour ça. Alexis avait besoin de stabiliser la partie émotionnelle des matches, il a passé ce stade là, et c’est devenu un point fort. Il est dans une phase positive et prend toute sa place derrière la table. Ses résultats récents (demi-finaliste au Grand Smash de Singapour, lauréat du Top 16 européen NDLR) sont le fruit de seize mois de travail », explique Nathanaël Molin. Et le technicien de détailler : « L’effet déclencheur dans cette construction a été ce succès en mai 2024 face à Jorgic (3-1) au Champions de Chongqing (Chine) avant sa défaite à la belle (9/11) contre Liang Jingkun en 8e. Aujourd’hui, il n’y a pas que du talent, que de la puissance dans son jeu, il y a de la consistance, même ses temps faibles restent forts. Son service, très brillant tout au long du Top 16, constitue un bon point d’appui ». Et ça n’est pas Darko Jorgic, triple tenant du titre avec son revers majestueux, qui dira le contraire…

FÉLIX LEBRUN PARTI SUR UN NOUVEAU CYCLE

Soutien de son frère au cœur d’une famille qui a fêté ce nouveau titre à l’hôtel après un saut du héros dans le lac Léman, dont les rives flirtaient avec l’enceinte suisse, Félix Lebrun, toujours 5e mondial et… 1er européen au classement WTT, ne connaît pas la même réussite actuellement. Après son échec au 2e tour du Grand Smash de Singapour contre Kao Cheng-Jui (24e mondial, Taipeh), il a chuté prématurément à nouveau à Montreux après un succès-revanche l’ayant satisfait face à Benedikt Duda en 8e. Son bourreau, Patrick Franziska (8e mondial) qui avait gagné ce Top 16 en 2021 à Thessalonique, a mené 2 sets à 0 avant d’être rejoint à 2-2, pour faire la différence dans la belle de leur quart. Un succès logique y compris aux yeux du vaincu : « Il y a 3-2, j’aurais pu gagner mais il a été bien meilleur que moi sur l’ensemble du match. Je me battais avec ce que j’avais mais mon niveau était trop bas pour battre un joueur de ce niveau. Je manque de régularité ». Depuis les Jeux Olympiques où « Féfé » a éclaté au grand jour, c’est son frère Alexis qui connaît son heure de gloire. « Il est affecté par ses résultats, oui, mais il a compris le processus mis en place par rapport à son âge, sa puberté… » explique Nathanaël Molin. Le processus ? « Une déconstruction pour une reconstruction en vue des prochaines grosses échéances. Il a eu quinze semaines de travail physique avec Jérémy (Surault, son préparateur physique). On va remodeler son jeu en restant sur de la rapidité mais en tuant l’échange plus rapidement », confie son entraîneur, pas inquiet. Les détails plus précis, il les gardera pour son protégé qui n’est pas si loin en matière de résultats mais qui se situe déjà dans l’après avec l’espoir de lendemains très souriants.

SACRÉS CHALLENGES EN VUE

Après à peine deux jours de repos, tout ce monde reprend l’entraînement dès mercredi avec un programme déjà bien chargé dans les semaines et mois à venir. Vendredi, en Pro A, il y aura un déplacement à Hennebont dont Alexis devrait être épargné alors que demeure un point d’interrogation pour Félix. Ensuite, à nouveau en Pro A, la venue du SPO Rouen au Parnasse à Nîmes le mardi 4 mars où Félix se verra remettre deux prix nationaux et régionaux de l’UJSF (Union des Journalistes Sportifs de France). S’ensuivra le WTT Champions de Chongqing (11-16 mars) puis les championnats de France à Levallois (21-22-23 mars), trois semaines en Asie avec le WTT Champions d’Inchon en République de Corée (1er au 6 avril) prolongé par un stage avec l’équipe coréenne, la Coupe du Monde à Macao en Chine (14-20 avril), un peu de repos (oui, tout de même) puis la préparation pour les championnats du Monde… Tout un programme pour la Team Lebrun avec un Félix et un Alexis à l’appétit gargantuesque.