APOLLO FAYE, UN MYTHE POUR L’ETERNITÉ

L’ancien Montpelliérain est l’un des trois parrains du 5e Vin’t’Age à Frontignan – La Peyrade

SSi vous annoncez aux passionnés de la planète basket que Serigne Cheikhou Faye sera présent à La Paillade à la fin du mois de juin (28-29-30), ils vous regarderont sans doute en fronçant les sourcils et en vous dévisageant bizarrement… si vous leur dites, Apollo Faye sera des festivités, vous aurez en retour, pour une certaine tranche d’âge, des étoiles dans les yeux. Il s’agit bien… de la même personne, surnommée Apollo, allusion à la fusée, par un officier de l’arméoe sénégalaise après l’avoir vu récupérer un rebond très très très haut (!!) lors d’un match à l’armée. « Apollo, le prénom, m’est resté, même ma mère m’appelle comme ça (rires) ». L’AS Forces Armées, Dial Diop, Cabourg, le CSP Limoges (1977-1985) avant le feu Montpellier PSC (1985-1991) et le clap de fin à Beaune-les-Mines (Excellence Régionale), le parcours est aussi atypique qu’il a été riche en émotions, titres, souvenirs, anecdotes… Il aurait pu être différent puisque comme le confie l’intéressé, le « grand frère », l’ami qu’on a tous envie d’avoir, « j’avais été contacté par Orthez et mes amis Larrouquis, Bisseni avec un très joli contrat financier à la clé. Mais à cette époque, il fallait une lettre de sortie que je n’ai pas obtenue de la part du CSP Limoges. Pourtant, je n’ai pas de regrets, j’ai tout gagné, les petits comme les gros trophées. »

Apollo Faye lors de la victoire du maintien à Roanne en play-down (DR)

De la Coupe Korac à la Coupe de l’Hérault et du Limousin

La lecture du palmarès du natif de Dakar a de quoi donner envie : 2 Coupe Korac, 3 titres de champion de France, 3 fois vainqueur de la Coupe de la Fédération avec le CSP Limoges, champion de France de N1B avec feu Montpellier Paillade Sport Club, vainqueur de la Coupe de l’Hérault avec Le Crès et du Limousin avec Beaune-les-Mines (assortie d’une accession en N3), finaliste de la Coupe d’Afrique des Nations avec le Dial-Diop, 80 sélections en équipe de France (932 points) avec deux participations au championnat d’Europe (1979-1983), meilleur marqueur de N1 (28,5 points/match) en 1978-1979 et, des stats (moins accessibles) mais… énormissimes au rebond, « avec trois matches à plus de 50 rebonds » s’en amuse-t-il. Au delà des « stats », Apollo a lié des amitiés fortes et lorsqu’il évoque ses anciens coéquipiers, il sait toujours trouver le mot juste, bienveillant, ainsi, époque montpelliéraine, pour Bruno Ruiz, « l’un des tous meilleurs meneurs français, je le comparais souvent à Alain Larrouquis », Claude Cavallo, « mon Tom Chambers à moi », Guy Prat, « le Bip Bip, il n’a pas eu la chance d’être sélectionné en équipe de France », Yves Ehret, « un sacré joueur et vrai coéquipier », ou encore Jean-Philippe Methélie « avec ses énormes qualités physiques » et tant d’autres…

Son Top 5 : 1) Kiffin, 2) Mitchell, 3) Murphy, 4) Raivio, 5) Collins

Cette période montpelliéraine version Louis Nicollin, Gilbert Varlot qu’il nous cite, de la N2 à l’arrêt de sa carrière professionnelle à 39 ans, au printemps 1991, l’a profondément marqué, à titres divers. « J’ai toujours cet épisode de ma vie dans la tête et aucun regret d’être venu dans cette belle région. C’est là où j’ai été le mieux payé (rires), on avait une super équipe et l’on a obtenu des beaux résultats avec les Donald Washington, Oumar Dia mon frère sénégalais (et les joueurs pré-cités, NDLR) ». Elle lui aura valu le bonheur d’évoluer avec une paire aussi mythique… que lui, Sam Mitchell – Rick Raivio (plus de 60 points cumulés en N1 pour le duo US). Du second, il garde un souvenir particulier, « il me donnait le ballon poste bas et venait me le rechercher dans les mains pour tirer à 3 points (rires). » Les deux ailiers américains ayant porté le maillot blanc et rouge orné du N de Nicollin, Apollo les glisse sans souci dans son Top 5 de carrière : 1) Irvin Kiffin qui était ambidextre, 2) Sam Mitchell, 3) Ed Murphy, 4) Rick Raivio, 5) Don Collins. Une chose est certaine, un seul ballon pour ce Cinq là, ça aurait fait très juste !! L’épisode montpelliérain pour cet homme de la nuit – il le reconnaît sans peine – , c’est aussi ce restaurant sénégalais « Le Cap Vert », situé près de La Comédie « ça a duré pendant 3-4 ans mais le souvenir est difficile. Je ne voulais présenter que des produits frais à ma clientèle mais c’était de l’esclavage, je ne voyais pas mes enfants (les deux ont bien grandi et parfaitement réussi professionnellement), ma famille. J’étais un mec de la nuit (sic), mes journées étaient sans fin avec les gens que je fréquentais à l’époque. »

Apollo FAYE LIMOGES 83/84 Photo Pascal ALLƒE/HOT SPORTS © 1984

« Je voulais m’investir dans un club chez les jeunes, je n’ai eu aucune réponse » 

« Le Cap Vert » n’aura pas été son unique expérience professionnelle. Apollo Faye avait repris durant 3 ans le Vip’s, une discothèque limougeaude, proche de la jolie gare des Bénédictins, définitivement fermée aujourd’hui. Il a aussi été VRP chez Forlane avec son président de Beaune-les-Mines, a travaillé pour Kernite (Provins), une société dans le secteur du commerce de produits chimiques industriels, ou encore pour MPS (commerce de gros de fournitures et équipements industriels divers) basée à Figeac et dans le commerce de produits de la mer morte pour des centres de thalasso avec un ancien basketteur de Castres, Philippe Guille. « J’ai pris ma retraite à 62 ans, je voulais trouver un club pour former des jeunes et apporter mon expérience mais je n’ai eu de réponse nulle part », déplore enfin celui qui vit paisiblement dans le centre-ville de Limoges et a entamé une solide rééducation depuis début juin suite à deux interventions, espérant bien entendu être apte à se déplacer pour honorer son statut de parrain au Vin’t’Age à Frontignan – La Peyrade. Un retour dans l’Hérault pour celui qui a fait partie de la promotion 2018 de l’Académie du basket occitan… à Carcassonne.

Photo Henri ROBERT – PRESSE MAIRIE

Pas de reconnaissance des clubs ni de la Fédération

Reconnu et sollicité par l’organisation du 5e Vin’t’Age pour en être l’un des trois parrains, Apollo Faye apprécie la démarche tout autant qu’il « déplore le manque de reconnaissance des clubs et de la Fédération Française (FFBB) à mon égard. Non, je n’ai pas été honoré, j’ai bien eu un jubilé à Limoges, mais c’est tout, mon maillot n’a pas été retiré. Oui, j’en veux à beaucoup de monde, on est très vite oublié dans ce milieu. Parmi les clubs, seul Orthez a cette capacité à honorer ses anciens », déclare avec sincérité l’ancien pivot mythique de l’équipe de France. Pivot, il aurait pu l’être aussi en NBA… « Oui, tout le monde me le dit mais à mon époque, les portes ne s’ouvraient pas aussi facilement à un étranger. Oui, j’aurais pu y jouer. Et en NBA, ils ont l’art lors des All Star Game par exemple, de mettre à l’honneur leurs anciennes gloires ». Un regret, forcément, assorti de deux souvenirs XXL. Le premier : Une rencontre au sein d’une sélection mixte de Nike à Paris avec d’autres joueurs tels que son coéquipier montpelliérain Bruno Ruiz contre une « Team US » où figurait un certain Michael Jordan avec lequel il allait sympathiser et qui l’invitera même à Chicago, « où je n’ai jamais eu l’occasion de me rendre. J’avais même son téléphone (sourire) », bon depuis il a dû changer quelques fois… Le second : « Pour ma dernière sélection avec l’équipe de France, on effectue une tournée aux Etats-Unis et l’on joue contre l’Université d’Auburn. En entrant dans la salle, j’ai demandé à quelqu’un que j’ai pris pour le gardien de la salle, des ballons. En fait, c’était Charles Barkley, quelle méprise, ah ah. Après, il m’a tout fait pendant le match… »

10 Appolo FAYE LIMOGES 83/84 15 Reginald SPEIGHTS AVENIR RENNES 83/84 Photo Pascal ALLƒE/HOT SPORTS © 1984

Apollo Faye : « Le Vin’t’Age, c’est une super idée »

S’il a l’opportunité de fouler le parquet de Frontignan – La Peyrade les trois derniers jours de juin, Apollo, ce metteur d’ambiance hors-pair qui rendait les voyages inoubliables dixit plusieurs de ses ex-coéquipiers pailladins, risque fort d’être la guest-star la plus sollicitée de ce week-end prolongé pour des selfies voire des autographes. « Oui, ça me ferait sincèrement très plaisir d’en être » ne cache pas celui qui nous livre alors son Top 3 des moments les plus forts de ma carrière : 1) Mon 2/2 aux lancers contre Banco di Roma qui nous envoie en finale à Padoue contre Sibenik, 2) La montée de Pro B à Pro A avec Montpellier avec Louis Nicollin et tout le monde allongé sur moi sur le parquet à l’issue du match, 3) Une série de play-off sous les couleurs de Montpellier avec la paire Raivio – Mitchell où on va gagner à Limoges avant d’être puni chez nous au Match 3. » Alors, si le Vin’t’Age ne viendra pas forcément concurrencer ces moments là, les retrouvailles en série avec Ken Dancy « que je respecte même si l’on n’a pas joué ensemble à Limoges », Eric Le Pape, Bruno Servolle… « et tous les gens qui seront là-bas me font envie. Ce Vin’t’Age est une super idée, ça permet aux Anciens de se retrouver et que les plus jeunes découvrent les Anciens.» Le mythe Apollo Faye du haut de ses 208 centimètres et ses 72 ans à La Peyrade, il ne reste plus qu’à prier très fort et le rêve deviendra réalité…


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Une réponse à « APOLLO FAYE, UN MYTHE POUR L’ETERNITÉ »

  1. Avatar de elepapec1ea861608

    Super

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