LA BOULANGÈRE WONDERLIGUE ENTRE DOUTES, CONFIRMATIONS ET ATTENTES

A l’orée de la 5e journée de la Boulangère Wonderligue,il n’y a déjà plus de club invaincu dans ce championnat qui ne dégage, pour le moment, pas de hiérarchie fiable et offre une surprise lors de chaque étape. Un constat qui ne constitue pas forcément une bonne nouvelle tandis que le contexte économique ne manque pas d’inquiéter. Avant l’acte 5, état des lieux.

Présentation des équipes au Palais des Rencontres de Lattes. PHOTO DOMINIQUE BENTEJAC

UN EXIL MASSIF DES JOUEUSES

Régulièrement annoncée comme une Ligue de référence à l’échelon européen par les dirigeants tricolores depuis des années, la Ligue Féminine de Basket et sa compétition majeure, la Boulangère Wonderligue, son intitulé depuis l’exercice 2024-2025, a quelque peu perdu de sa superbe depuis peu. Si l’ESB Villeneuve d’Ascq de Rachid Meziane s’est offerte un ticket totalement inédit en finale du Final Four 2024 (défaite face au Fenerbahçe et sa cascade de stars 73-106), il s’agissait là de l’exception depuis le sacre de feu US Valenciennes Orchies en 2004 à Pecs. Une éternité ! C’est l’Eurocup (6 titres pour la France, n. 2 en Europe, dont 5 au cours des dix dernières éditions pour Villeneuve d’Ascq en 2015-2025, Bourges en 2016- 2022, le LDLC Asvel en 2023) qui correspond davantage au standing d’une Ligue française qui a perdu nombre de ses joyaux, contexte économique et ambitions sportives obligent, lors des dernières saisons. Pas moins de huit Françaises ont disputé le championnat WNBA 2025 de Marine Johannes à Marieme Badiane en passant par Gabby Williams, Janelle Salaün, Bria Hartley, Dominique Malonga, Leïla Lacan et Carla Leite, les deux dernières draftées respectivement au 10e et 9e rang. Si l’on rapporte ces effectifs à l’Europe en se limitant à l’Euroligue et l’Eurocoupe, les tricolores, bénéficiaires de l’exposition offerte par l’Equipe de France (2e aux J.O) ont envahi les clubs du Vieux Continent. Après l’exploit de Paris à l’été 2024, elles n’étaient plus que trois à évoluer en LBWL (Romane Berniès, Dominique Malonga, Leïla Lacan) contre neuf… en amont du rendez-vous olympique. La Turquie (M. Johannès, G. Williams, I. Rupert, M. Touré), l’Italie (Badiane, Roumy, Cornelie-Sigmundova), l’Espagne (Leite, C. Djaldi-Tabdi, Bankolé, Gueye, Samson, Sénéchal), la République Tchèque (Ayayi, Astier, Salaün, Wadoux), l’Allemagne (Saulnier), le Kosovo (Wembanyama, Koita) ont séduit de nombreuses Françaises plus ou moins côtées mais prêtes à saisir de belles et juteuses opportunités au vu des salaires, le plus souvent non chargés pour les clubs…

Les Berruyères sont pour le moment dans le doute. ShootZonePhotographies

FINANCES : DES CLUBS DANS LE DUR

Si elle peut se flatter d’être très efficace en matière de formation, la LFB, limitée par une économie clairement en souffrance, n’a en revanche pas les moyens de retenir tous ses talents et de lutter avec la puissante WNBA. Derrière les discours rassurants des dirigeants surfant sur la vague d’un Tango Bourges dans le Final 6 2025, du titre en Eurocoupe d’une ESB Villeneuve d’Ascq… barragiste en LBWL et de la deuxième couronne nationale de Basket Landes, l’exercice 2024-2025 s’est prolongé de façon nettement moins glorieuse par la chute du… vice-champion de France, le Tarbes GB, dans une situation financière dramatique alors que les clubs présentent « des budgets difficiles à boucler » ainsi que l’avait reconnu Carole Force (présidente de la LFB) lors de la présentation de la saison à l’occasion du “Match des Champions” féminin remporté à Nanterre par Charleville-Mézières aux dépens de Basket Landes (61-52). Dans cet état d’esprit, et après audition des clubs (50 de LBWL, LF2, NM1), la commission du contrôle de gestion de la FFBB avait pointé le doigt, le 27 mai, sur pas moins de 50% des clubs engagés en LBWL, Roche-Vendée BC, Tarbes GB (rétrogradation en championnat de Ligue régionale), Charleville-Mézières, Lyon ASVEL (finalement contraint de renoncer en Eurocup afin de pouvoir conserver son strapontin en LBWL), ESB Villeneuve d’Ascq et le promu, le Toulouse MB (décision en libéré). Au bout du compte, au delà du cas Tarbes et des recours déposés par sa présidente, Jeannie Cointre qui ont fait couler beaucoup d’encre, de la saisine de la CCG pour la validation du budget 2025-2026 et l’encadrement des charges de personnels du Roche-Vendée BC, les onze clubs avaient bien reçu un avis favorable à leur engagement au sein d’une LBWL complétée par C’Chartres BF, repêché du fait des malheurs du TGB… Mais, signe peu encourageant, la moyenne des budgets a accusé un recul de 6% pour une moyenne de 2,41 millions d’euros et de réelles inquiétudes concédées par certains dirigeants pour un avenir à moyen terme. Et ce ne sont pas les informations en provenance de la WNBA (négociations entre le syndicat des joueuses au sujet de la nouvelle convention collective, des salaires annoncés à la hausse, un rallongement éventuel de la saison) qui incitent véritablement à l’optimisme. Alors, un modèle à changer, le passage de la Boulangère Wonderligue à 14 clubs, difficilement envisageable compte-tenu des difficultés connues d’un bon nombre à boucler leur budget, ou à l’inverse réduire la durée de la saison afin de la rendre compatible avec le calendrier de la surpuissante WNBA ce qui pourrait laisser entrevoir le retour de joueuses d’un autre standing… chacun y va de sa petite idée, de sa formule. Affaires à suivre !

Nell Angloma, ici face au Dinamo Sassari, l’un des joyaux de cette cuvée 2025-2026.

DES SURPRISES EN SÉRIE

Alors que le classement n’est pas à jour, la faute à un ESB Villeneuve d’Ascq – Prague (Supercoupe d’Europe)… disputé le soir du lancement de la Boulangère Wonder Ligue (!!), la hiérarchie du moment est difficilement lisible. Si les présences de Basket Landes (qui a récupéré Lacan) et du BLMA en tête n’étonnent pas vraiment, le duo qui les accompagne, Angers et Charnay ceci dit demi-finaliste la saison passée, n’était pas forcément attendu à pareille fête. Mais les Angevines se sont offertes le scalp d’un LDLC Asvel en retrait et surtout du champion landais alors que le Charnay BBS confirme. Le BLMA qui n’a chuté qu’à Roche-Vendée (74-73) après avoir mené de + 17 pourrait être leader invaincu… ce qui est également le cas des Flammes Carolo-Macériennes, 7e ex-aequo avec 3 défaites sur le fil qui auraient tout aussi bien pu s’inverser (70-71 c/BLMA, 85-81 à Landerneau, 78-77 à Charnay). Le C’Chartres assume au mieux son statut de « repêché » tandis que le promu, le Toulouse MB, souffre davantage. Si le LDLC ASVEL, loin des annonces passées « d’objectif de Final Four d’Euroligue » ne peut faire de miracles avec son manque de rotations, la surprise majeure nous vient du Cher et d’un Tango Bourges, le CLUB du basket français (44 titres dont 3 Euroligue et 15 titres de champion de France) pointé à 1 victoire et 3 défaites, son pire départ depuis des lustres. La présidente Agnès Saint- Gès a assuré les troupes lors d’entretiens individuels et collectifs, fait part de sa confiance envers le staff mais pour les Tango, seule une bonne série de victoires peut valider ses dires. S’il est trop tôt pour parler de tournant, ce 5e acte apportera de nouveaux éléments pour la suite car pour le moment, ce championnat est plutôt la bouteille à l’encre.

5e journée : ce samedi (20 h), LDLC ASVEL – Landerneau, Charleville-Mézières – Angers, Tango Bourges – Roche-Vendée BC, ce dimanche (15 h 15), ESB Villeneuve d’Ascq – Charnay BBS, Basket Landes – Toulouse MB et C’Chartres – BLMA (15 h 30).


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