
Il y avait du monde au 36 rue de la Cavalerie, dans le quartier des Beaux-Arts, ce samedi à l’heure où certains ont déjà l’apéro en tête, il y avait aussi de l’émotion, des sourires sur les visages, du soleil dans le ciel et dans les coeurs… tous l’esprit à une immense figure du quartier, César (dit Rino) Canetta, disparu en 2021 à l’âge de 98 ans auquel il était rendu hommage. Originaire de Trévise en Vénétie, Rino Canetta, tout d’abord footballeur à Florence et Trévise, ensuite entraîneur à Spresiano avant de se laisser séduire par le volley-ball dont il allait s’avérer un fervent défenseur, avait rejoint ses parents sur Montpellier à la fin des années 1980. Engagé en tant que comptable aux abattoirs, il avait monté l’AS Boucherie football en 1950 avant de fonder, huit ans plus tard, l’ASBAM alors Association Sportive Boucherie Alimentation Montpellier puis renommée AS Beaux-Arts Montpellier à la destruction des abattoirs en 1984. Le début d’une fabuleuse histoire autour de diverses sections (football, volley-ball, cyclotourisme, marche, pétanque, handball, beach-volley) avec l’apport de gens de référence dans le sport montpelliérain, les tellement regrettés Françoise Spinosi pour le volley-ball et Jean-Paul Lacombe (président de la section à l’ASBAM) pour le handball dont la si glorieuse histoire a débuté en ces lieux.
LE 4E CLUB DE L’HEXAGONE EN NOMBRE DE LICENCES
Aujourd’hui, l’ASBAM se décline en deux sections, le volley-ball et le beach-volley avec un nombre de licenciés (plus de 580) qui en fait le 4e club de l’Hexagone svp et, le 1er de l’Occitanie bien entendu. Christian Albe qui en est le président a été le compagnon de route de Rino Canetta, auquel il a succédé, durant plus de quatre décennies. Et les trémolos dans sa voix au cours de sa prise de parole pour rendre hommage à son ancien complice avant d’insister sur la priorité accordée à la formation par l’ASBAM, n’ont trompé personne. Encore sous le coup du décès récent de son père, la petite fille de Rino Canetta, Karine, très émue, et désireuse que « Rino ne tombe pas dans l’oubli » a tenu à « remercier le maire et ses adjoints, d’avoir pu nous permettre de réaliser ce rêve ainsi que tous les dirigeants de l’ASBAM. Je dirais que « président un jour, président toujours » et de là où ils se trouvent, que ce soit Papi ou que ce soit Papa, je suis sûre qu’ils doivent être très fiers de cette inauguration ».

LE PRÉSIDENT DE LA FFVB EN TERRE BIEN CONNUE
Si Rino Canetta, domicilié rue de Lunaret, était voisin de l’ASBAM dont il avait finalement fait sa deuxième maison, c’était le cas également de l’actuel président (montpelliérain) de la Fédération Française de Volley-Ball (depuis 2015) Eric Tanguy ainsi qu’il l’a rappelé pour lancer son intervention. « C’est un endroit chargé de beaucoup de souvenirs, j’habitais juste à côté du gymnase, j’ai assisté à sa construction à la fin des années 1970, j’ai poussé la porte un jour, j’y ai découvert le volley en 1981-1982 et ça a été le début de tout un parcours… J’ai très bien connu César Canetta, Rino, parce que pour nous, c’était Rino, on ne l’appelait jamais César bien évidemment dès 1982. C’était vraiment un dirigeant exceptionnel, très présent qui a beaucoup donné pour ce club, qui en a fait ce qu’il est aujourd’hui, qui l’a transmis aux générations futures, dans ce lieu qu’il aimait tant, où il a passé beaucoup de temps, sûrement au détriment de sa famille et a créé quelque chose de plus qu’un simple club. Il a créé d’abord un grand club, le 4e club sur 1413 de la FFVB en nombre de licenciés. Si l’on y rajoute les événementiels liés à la pratique dans les écoles, ce sont plus de 1400 personnes qui pratiquent le volley-ball au sein de l’ASBAM, c’est quelque chose de colossal Monsieur le maire, c’est une belle réussite et c’est Rino qui a mis le club sur cette voie. C’est également là où j’ai démarré ma carrière, en étant dirigeant pour la première fois ici. Rino m’a fait confiance, m’a confié des responsabilités en tant que membre du comité directeur, puis trésorier de la section volley et c’est à travers la représentation de l’ASBAM que j’ai connu le comité départemental, la Ligue jusqu’à la présidence de la Fédération ce qui m’a valu de croiser il y a plus de trente ans, Christian (Albe), on ne s’est jamais quittés depuis et effectué un joli parcours…

AU NOM DE L’HISTOIRE ET DE LA MÉMOIRE
Autant de discours qui n’ont pas laissé insensible la kyrielle de présents, les dirigeants, cadres techniques et « minots » du club des Beaux-Arts ayant été rejoints par plusieurs élus, de Michaël Delafosse, le maire, à Hervé Martin, son adjoint délégué aux sports précieux sur l’opération, en passant par Fanny Dombre-Coste (députée de l’Hérault), Boris Bellanger (délégué au quartier Centre), et encore par des figures de la « grande famille » du volley-ball, les Michel Genson (ancien capitaine puis entraîneur-adjoint de l’équipe de France), Jean-Pierre Tosi (président de la Ligue), Christian Lis (représentant du comité départemental de l’Hérault), Francis Laguna (ex-joueur de l’ASBAM et arbitre international) pour ne citer qu’eux. On y rajoutera notamment deux personnages emblématiques de l’histoire du sport montpelliérain, un Robert Molines (ex-président du MHB) se souvenant avoir transpiré en jouant au handball dans ce désormais gymnase des Arts « César Canetta » et Dominique Bilbao (ex-président du MTT), personnage clé dans la montée en puissance du « ping » dans le Clapas avec la réussite que l’on sait. L’un et l’autre ont été attentifs aux paroles d’un maire, Michaël Delafosse, expliquant « que nous avons pris cette décision (donner le nom de César Canetta au gymnase des Arts, Ndlr) sans hésiter avec un vote unanime du conseil municipal sur ma proposition. Le nom de César Canetta vient rejoindre ceux de Lacombe (Jean-Paul), de Spinosi (Françoise) qui ont été des grandes figues du sport montpelliérain et de son développement. Et au fond, César Canetta, c’est une histoire montpelliéraine qui se confond avec Montpellier. D’abord, il est important de dénommer pour rappeler cette histoire et vous les enfants, vous n’avez pas connu César Canetta mais au moins vous allez entendre celui qui vous a permis d’être là dans votre tenue de sport. En donnant le nom du gymnase, on honore la mémoire et parfois, on me pose la question, « mais qui était César Canetta, qui était Françoise Spinosi ? » On peut ensemble partager un souvenir, et ce souvenir se confond avec l’histoire de la ville. Montpellier, c’est une ville qui accueille beaucoup de nouveaux habitants, et César Canetta, la consonnance du nom rappelle ses origines italiennes, est venu dans des circonstances d’épreuve au milieu du 20e siècle après le terrible conflit qui frappa l’Europe. » Avant de poursuivre, « ce quartier des Beaux-Arts fut très longtemps celui des abattoirs. César Canetta qui travaillait sur des tâches administratives d’accompagnement de ces artisans bouchers, a fondé ce club pour que le temps libre, le temps du dimanche, du repos, soit un temps où l’on se retrouve et l’on pratique le sport, euh pardon les sports. Et c’est parce qu’il y a eu des gens comme lui qui ont porté un projet sportif, ont permis à des jeunes et des moins jeunes de vivre leur passion que Montpellier est devenue une ville très sportive. Il était logique de lui rendre hommage, il a passé le relais mais l’aventure continue et elle se réinvente. » Après que la plaque Gymnase des Arts « César Canetta » ait été dévoilée, et un passage des présents dans ce dernier, histoire d’en respirer l’odeur, d’en ressentir l’histoire, l’assistance s’est retrouvée pour une 3e mi-temps. Du cimetière Saint-Lazare où il repose, Rino a dû apprécier à distance ces festivités dans lesquelles il excellait.








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