Directeur de magasin alimentaire dans le civil, Julien Deljarry (33 ans), jeune marié et futur père de famille, est aussi le président ô combien impliqué de la SAS Montpellier HB, une fonction prolongée notamment par le rôle de trésorier à l’UCPH et de membre du comité exécutif de la LNH. Enthousiaste, passionné, ce très actif « enfant du club » nous a accordé un long entretien, n’éludant aucun sujet, avec ses certitudes, ses projets, ses convictions et l’envie de faire avancer une institution qu’il connaît parfaitement.

- Vous avez été élu le 13 juin 2019 à la présidence de la SAS du Montpellier Handball assurant le développement et la gestion de l’équipe professionnelle, du Centre de Formation et des activités liées au secteur marchand (service administratif et financier, communication, marketing, commerce et évènementiel). Avec désormais cinq ans et demi de recul, est-ce que ça correspond à ce que vous en attendiez ou avez-vous eu des surprises qu’elles soient bonnes ou mauvaises ?
Quand on le regarde de haut, avec le recul, dans ces six ans, la COVID, il y a eu la guerre en Ukraine ce qui a un peu redistribué les cartes en Europe avec l’arrêt de certains clubs tels que Zaporojhe. Il y a eu le remplacement de Patrice (Canayer)… Donc en fait, ça ne correspondait pas à ce que j’ai vécu avant en tant que supporter et partenaire parce que l’on était sur une vraie continuité,et quelque chose de régulier mais ça correspondait complètement à ce que j’en attendais. C’est à dire assurer le changement, la transition, entre le MHB qui a existé depuis 20 ans, 30 ans sous les ordres de Patrice et celui qui doit continuer à exister au même niveau après son départ. Il y avait pas mal de chantiers,s’y est ajouté celui du Covid qui n’était pas prévu mais je me suis toujours fixé comme objectif minimum de maintenir le club au plus haut niveau français et européen, c’est à dire de faire partie des 2-3 premières places du championnat et jouer les compétitions européennes. On a eu une frayeur à un moment donné lorsque l’on s’est retrouvé 9e à l’inter-saison il y a 2 ans, une crainte qui nous a permis de faire des choix différents ensuite pour rester compétitifs. Aujourd’hui ce minimum là est réalisé maintenant il faut toujours creuser pour faire mieux. Mais on est dans ce que je pensais que ça allait être comme aventure. - Supporter, joueur, entraîneur (à Juvignac), membre du Conseil d’Administration puis actionnaire de la SAS (juin 2014), élu le 13 juin 2019 par un vote unanime des actionnaires et membres du CA de l’Association pour prendre la présidence de la SAS pour une durée illimitée, c’est un parcours atypique. Mais visiblement dans votre tête, il était écrit depuis pas mal d’années !
Je me suis pris de passion en 2003 quand j’ai découvert le MHB (année du 1er titre européen, NDLR), j’ai donc vécu ces saisons où l’on gagnait 2 à 3 titres par an, j’avais fait la moyenne, le MHB gagnait 2,7 titres par an. C’était des années forcément fructueuses et dans lesquelles c’était simple de se prendre de passion, ça m’a piqué. Je suis quelqu’un de passionné, de fidèle, et du coup, le MHB m’a fait grandir de mon adolescence jusqu’à mon état adulte, le handball aussi et j’ai toujours voulu, je souhaite toujours conserver ce lien et cette passion.J’ai toujours dit que mes objectifs dans la vie ont été rapidement posés. J’étais en adolescence et j’ai toujours dit que je serais bien et heureux dans ma vie, épanoui quand j’aurais trois piliers : une famille, maison, enfants, femme, bien comme il faut, heureux dans ce foyer, mon magasin dans la distribution alimentaire, et le lien avec le club de hand. J’ai toujours eu dans un coin de ma tête la volonté de pourquoi pas en être le président mais sans brûler les étapes. En fait, la réalité, c’est que ça s’est surtout dessiné, je peux en parler facilement et, je vais raconter l’anecdote : quand il y a eu les difficultés financières liées à beaucoup de choses, l’affaire des paris sportifs mais pas que… et qu’il reste une semaine pour sauver le club, et que mon père (NDLR, André Deljarry, président de la CCI de l’Hérault) imagine ce système d’actionnariat multiple avec des parts égales etc… Je me souviendrais toujours qu’il a fait la « Une » du Midi Libre il me semble comme quoi il avait sauvé le MHB. Ce jour là, il m’avait amené le journal, j’avais 23 ans et il m’avait dit, « tu aurais été plus âgé, et avec tes entreprises, aujourd’hui tu serais sûrement à la tête du Montpellier Handball ». Il me voyait les capacités en tous cas à terme, et comme il avait sauvé le club, il voyait une légitimité. Il faut savoir aussi qu’il a sauvé le club parce qu’il y avait des relations politiques, et surtout parce c’était ma passion. C’est moi qui ai amené mes parents, ils étaient partenaires, mon père était déjà partenaire pour développer la marque Intermarché sur Montpellier et il était partenaire de tous les sports.A la fin, on vivait tous les matches ensemble. S’il ne m’avait pas su autant passionné par ce club, je ne sais pas s’il aurait fait le même geste, on n’en n’a jamais parlé du reste. Aujourd’hui, c’est mon engagement et ma passion depuis 2003 et je dis souvent que j’ai plus de doigts sur la main que je n’ai raté de matches à domicile de 2003 à 2011. Après, ça a été plus compliqué avec mes études, je suis parti vivre à l’étranger. Aujourd’hui, quand on fait des réunions d’actionnaires mais pas que… on fait un CoDir (comité de direction) par mois, on se retrouve avec le président de l’association, le directeur général, mon père et moi, c’est quand même génial de vivre cette aventure. Certains peuvent le critiquer, moi je le valorise parce que ça me permet de passer des moments avec mon père sur un sujet commun qu’on partage et à la fin, quand on gagne des matches, on est content de fêter la victoire ensemble, c’est du partage et quand il est familial, c’est encore mieux.
- Vous n’avez jamais trop souffert du syndrome de « fils de… » ?
Si, ça a été le cas au collège, après on se met des barrières, on devient aguerri à ça et on avance. Moi, j’ai toujours dit que prendre des responsabilités n’est pas un problème d’âge, c’est un problème de volonté, de capacités et d’engagement. Moi, j’étais directeur de magasin, un supermarché où il y a 80 à 90 personnes, un chiffre d’affaires de 25 millions, j’avais 24 ans. Je sentais avoir les capacités, je me suis engagé avec réussite, ça s’est bien passé, l’évolution du chiffre d’affaires à 2 chiffres, je suis parti pour ça à Villars-les-Dombes entre Lyon et Bourg-en-Bresse et à ce moment là, on gagne la Ligue des Champions (2018), j’y étais. Puis je prends le club, j’ai 27 ans. Et la réalité, c’est que moi je le prends avec des objectifs très précis, la volonté de mettre en place une organisation, et un principe, des valeurs etc… donc j’ai foncé tête baissée. Et c’est au bout de 2 ans que j’ai un ami très proche et actionnaire du club, Gérald Arnaud qui me dit, « tu ne sais pas ce que j’ai essuyé pendant 2 ans. Quand tu as pris la présidence, on était trois à y croire, ton père, Robert Molines (ancien président du club) et moi. A part nous trois, tout le monde s’est, à un moment donné, posé au moins une question : est-ce que ça va le faire… Pendant deux ans, joueurs, staff, salariés, partenaires, actionnaires, bénévoles, supporters… tu n’imagines même pas le nombre d’appels que j’ai reçus et le nombre de personnes auxquelles, à défaut de les rassurer, j’ai dû exprimer toute ma conviction. Moi j’avais les oeillères en fait, j’avais mes objectifs… j’ai vite compris que finalement, la crédibilité se faisait dans le travail, dans ce que l’on démontrait, ce sont les actes qui parlent. Quand j’ai pris la présidence du hand comme quand j’ai pris la direction du supermarché, j’ai voulu mettre beaucoup de choses en place dès le début, montrer que ça fonctionne, que je suis engagé et que mon travail paye, et après je lève la tête, et je regarde autour de moi et je leur dis, est-ce que ça vous convient ? Pour le MHB, ça a pris deux ans quand j’ai levé la tête sachant que ma première saison a été celle du Covid, donc oui, ça a pris du temps ! Aujourd’hui, je suis content, les gens viennent à moi sans que je leur en parle pour me dire, me féliciter de mon engagement, du travail réalisé… ça n’est pas ce que je cherche mais ça fait toujours plaisir.
- Quel type de président êtes-vous ? Passionné, proche de ses joueurs, prenant du recul vis-à-vis des affaires du terrain parce que soucieux de respecter les prérogatives de chacun ? Quel est le président idéal ?
Le président idéal ? Je n’aurais pas la prétention de le nommer. Ma façon de faire est d’avoir une proximité, une relation avec les joueurs, à la fois je mets de la distance de par la stature de dirigeant, mais à la fois, je réponds présent dans tous les moments où soit je suis sollicité ou dans les moments importants pour le club. Un joueur comme Valentin Porte, s’il me sollicite pour déjeuner, avec grand plaisir et je n’ai jamais fermé la porte, à Yannis Lenne d’autres joueurs comme ça, s’il faut prendre le temps, je le prends, s’il faut échanger, j’échange avec beaucoup de transparence. Le recrutement, les finances… je peux en parler avec eux, moi je raisonne comme une entreprise, et dans une entreprise, le joueur est salarié, et dans une entreprise, si l’on veut l’engagement des salariés, il faut un minimum de transparence. Après, il faut savoir montrer qui gouverne, qui décide et quelle direction on prend. La transparence, c’est savoir donner des informations, en expliquant qu’on suit une direction qui est établie, maîtrisée et motivée par telle ou telle chose.
- Aujourd’hui, le MHB est 3e de Liqui Moly Starligue, à 3 points de Nantes, 4 de Paris et 7 points d’avance sur Saint-Raphaël à 10 journées du terme de la saison. Le podium est connu, pas l’ordre final. Est-ce que vous rêvez encore de la 2e place synonyme de Ligue des Champions ?
Oui, et même pourquoi pas de la 1ère ! Tant que comptablement, c’est encore possible, je ne vois pas ce qui nous en empêche. La défaite de Nantes à Paris ne nous arrange pas car si ça avait été le cas, on aurait été maître de notre destin. Mais il faut continuer à les mettre sous pression en restant au contact. Je me souviens qu’une année, on avait 7 points d’avance à la trêve et on n’avait fini par ne pas être champion. Une saison, c’est long, on a eu beaucoup de blessures, on a su être réactifs en allant chercher des jokers médicaux. On ne sait pas ce qu’il en sera dans deux mois à Paris et à Nantes, on arrive sur une fin de saison où il y a des enjeux sur toutes les compétitions, donc de la fatigue supplémentaire, aujourd’hui tout est possible, ce n’est pas de la méthode Coué, c’est du pragmatisme, disons qu’il ne faut pas louper l’opportunité si elle se présente, ne pas avoir de regrets. Il ne faut pas y croire en se disant qu’on va être champions, on n’est pas en position de l’affirmer et si on me donne la probabilité aujourd’hui, je dirais qu’on ne sera pas champions.

- Sur le plan du modèle économique, de l’attractivité sportive, une deuxième saison consécutive sans jouer la Ligue des Champions, est-ce que c’est faisable mais gênant ?
C’est gênant pour l’image. Financièrement, il n’y a pas un écart monstrueux et puis on ne table pas là-dessus pour le recrutement parce que c’est tellement occasionnel que ça nous mettrait en difficulté… c’est à dire que si je recrute en me disant que je suis en Ligue des Champions la saison prochaine, je rajoute peut-être 200 000 Euros sur ma masse salariale et si l’année d’après je suis en EHL, je fais quoi de ces 200 000 euros, soit à peu près la différence entre les deux épreuves. En participant à l’EHL, si je vais au Final Four, sans la gagner, c’est à peu près 100 000 euros de gain, et la Ligue des Champions, si on va en quarts de finale, c’est à peu près 300/350 000 maxi euros, ça fait environ entre 200 000 et 250 000 maxi la différence, et 250 000 ça fait un très beau joueur. Donc, la réalité c’est que si on le signe et que l’année d’après, on n’est pas en Ligue des Champions, on se met en difficultés, donc on ne le prend pas en compte. On a pris des risques ces deux dernières années, et on s’est mis dans le rouge, alors pas financièrement, on l’a fait consciemment parce que l’on commençait à avoir des fonds propres, on a dépassé les 2 millions d’euros, on s’est dit, on va investir un peu plus sur les deux prochaines années et on va voir. On a recruté Hesham, Desbonnet,Skube… La réalité c’est que l’on n’a pas plus gagné de titres que ça, donc on revient à la normale sur une masse salariale qui nous fait passer des résultats positifs et qui, à mon sens, dans le temps, est quand même la bonne décision parce que l’on ne sait pas encore ce que les collectivités vont nous dire pour les années suivantes. Il est temps de revenir à une situation normale.
- En France, le MHB (9 millions d’euros de budget) est 3e derrière le PSG HB (17,4) et a pris du retard sur Nantes (10,6), c’est inexorable ? Après avoir archi dominé la compétition pendant des lustres, Montpellier est le 3e club français depuis 2 ans, objectivement vous êtes d’accord ou vous trouvez le jugement sévère ? Comment revenir dans les deux premiers à court ou moyen, terme ?
Le jugement est factuel. Nantes n’a pas encore survolé le MHB,on n’est pas doublé puisque pour le moment, on a toujours fini 2e et 3e sur les 5-6 dernières années, on a alterné. Là où ils ont un petit truc en plus par rapport à nous, c’est dans les grands matches, les grands moments. Eux arrivent à gagner, pas forcément que contre nous, ils vont gagner une finale de Coupe de France quand nous on en a perdu deux dans les cinq dernières années, ils vont gagner des matches à Paris quand nous on n’y arrive pas, ils vont gagner chez nous… Après, dans la régularité, on est meilleurs sur les équipes classées derrière nous, d’où cette alternance 2e/3e. Par contre, le fossé peut se creuser et la réalité, c’est factuel, c’est qu’ils ont un outil (salle XXL de 10 000 places en plus de la H Arena de 6000 places) que l’on n’a pas et qui fait la différence. Parce que sur les collectivités, on est sensiblement pareil, sur les droits marketing, c’est la même chose, mais quand nous on fait un million d’euros de billetterie par an (chiffres de la DNCG sur la saison passée), eux sont à 3,5 millions, ça fait 2,5 millions d’euros d’écart sur la billetterie. Contre Nantes, on a un peu cassé les prix sur la fin à l’Arena et fait salle comble, donc, on a été en équilibre par rapport à nos charges mais on est allée chercher du public qui vient occasionnellement, et si c’est dommage de ne pas avoir gagné, on a fait de l’image. Il est important de jouer à minima 2 matches par an à l’Arena. Un public, ça se construit, Nantes n’a pas tout de suite fait salle comble dans sa salle. Je suis persuadé que l’on pourrait faire entre 6 et 7000 de moyenne et salle comble les soirs des gros matches mais ça n’est pas du tout le projet imaginé.
- Le MHB a perdu face à Nantes mi-février pour la onzième fois de rang, au plus haut niveau, ce type de série est d’une rareté absolue. Vous avez une explication à nous fournir ?
Nantes a voulu, à un moment donné, sur un virage, a voulu en faire une affaire d’ego et du coup est allé chercher un regain d’énergie supplémentaire quand ils viennent jouer contre nous dans le sens où pour eux, c’est une affaire d’image. Du coup, ils se transcendent, ils nous ont battus à l’Arena et, la semaine d’après, ont galéré face à une équipe beaucoup plus faible… Ils ont pris ce truc, on l’a vu sur des articles il y a 3-4 ans, ils disaient, « on n’a plus peur du Montpellier Handball ». Alors, ça m’énerve dans le sens où l’on ne parvient pas à les battre dans cette période. Il faudrait qu’une ou deux fois de temps en temps, on arrive à les gagner pour dire,OK tu as le droit de l’affirmer que tu n’as plus peur OK mais par contre on est toujours présent. La réalité, c’est qu’ils n’ont plus peur et qu’ils gagnent, c’est emmerdant, ça m’énerve plus qu’autre chose, ça ne me vexe pas… les mecs, ils disent la vérité, ils ont plus peur, ils jouent et ils gagnent. Psychologiquement, on s’est mis un frein maintenant et sur les très grands matches, je le vois, je le perçois, Paris, on n’arrive plus à les battre à part sur la demi-finale de la Coupe de France, et chez nous une autre fois, c’est rare, Nantes, on n’arrive plus à les gagner, Coupe de France, on fait des finales, on perd, EHL, on fait un Final Four, on perd les deux matches, et même en Ligue des Champions, on gagne face à Kiel de 9 buts chez nous et on en prend 10 chez eux. Les grands rendez-vous, psychologiquement on ne réussit plus à les assumer et c’est l’enjeu du renouvellement et du sang neuf qui va arriver dans l’équipe la saison prochaine, c’est justement de gagner cette assurance que Nantes a, c’est réel, pour de nouveau gagner ces matches. On est présents sur ces rendez-vous, présents quand il faut figurer parmi les meilleurs mais quand on les joue, on ne gagne pas. Ce qui m’énerve aussi, je l’ai dit aux joueurs, c’est que face à Paris et Nantes cette saison, on est devant à la mi-temps mais on perd à la fin et ces dernières saisons, dans les dix dernières minutes, on faiblit lors de ces grands matches.On ne parvient pas à gommer cette problématique et engin gagner ces matches.

- A l’image de Karl Konan, Yannis Lenne, Ahmed Hesham, sous contrat, mais annoncés partants, dans un passé récent, Descat… le MHB ne peut lutter financièrement face aux grands d’Europe, j’imagine que c’est frustrant ! Vous préférez des joueurs investis à 100% dans leur tête avec le MHB que des joueurs « de passage » dans l’Hérault ?
Tout à fait. J’ai lu qu’on était faible, que je n’arrivais pas à garder les joueurs s’ils voulaient partir. Moi j’ai appris mes premières années,on en parlait tout à l’heure avec du recul, j’ai voulu prendre des joueurs qui voulaient montrer qu’ils étaient forts mais pas forts avec le MHB. Et la réalité, c’est que ça n’amenait pas du bon, c’est là qu’on a terminé 9e à une trêve et qu’on a eu notre pire saison depuis trente ans. J’ai fait une bascule à ce moment là, et comme dans toute entreprise, je veux travailler avec des gens qui veulent s’investir pour l’entreprise. Et le MHB a une marque forte envers le public, une image dans notre métier, notre sport qui est importante et il me faut des joueurs désireux de se battre pour cette image là, ce logo là, cet écusson, ces couleurs. Donc un joueur qui me dit qu’il veut partir, eh bien qu’il parte. On discute, moi Yannis (Lenne), avant qu’il ne me donne sa décision définitive, je lui ai exposé où on en était dans le recrutement, les projets, les envies, la volonté… on en a parlé, avec le coach, je ne les laisse pas partir comme ça, j’essaye de les convaincre mais si au bout de tout ça, le gars il est pas convaincu, ben, pourquoi je vais insister ? Je ne veux pas du Yannis (Lenne) qui a mal au dos, qui est blessé, qui se pose des questions, moi je veux le Yannis qui est à fond, qui a envie… On a déjà un premier aperçu dans les démarches, dans la façon de discuter avec l’agent, le joueur… Un exemple tout bête à l’occasion des échanges avec Jack Thurin qui jouait à Aalborg où il y a des gros recrutements. Il était sollicité par beaucoup de clubs, c’était notre cas aussi à ce moment avec beaucoup de joueurs et quand on lui fait sentir que la balance va peut-être pencher vers d’autres joueurs, il appelle le coach, il m’appelle, son agent appelle le coach puis m’appelle, et il veut trouver une solution par tous les moyens, j’ai son SMS qui le prouve, pour venir à Montpellier qui est bel et bien toujours un club attractif. Quand il a battu le Barça en Ligue des Champions, je lui ai envoyé un SMS de félicitations et il m’a répondu, « bientôt, on fait ça avec le MHB » et ça, ce sont des joueurs que je veux au MHB. Agustin Casado, c’est pareil, il joue à Veszprem, il pourrait se dire, je viens à Montpellier pour prendre ma retraite et être tranquille. Non, il dit moi je veux être un Top joueur dans un Top club et Montpellier c’est mon club dans lequel je veux briller.
- Huit départs, sept arrivées à la future intersaison avec Srna, ce Croate vice-champion du Monde, Thurin, un Suédois buteur référencé en Ligue des Champions, Balaguer, Moraes, Plantin, Casado, Richert, c’est un cocktail de joueurs d’expérience et de paris !
C’est un peu à l’image de la philosophie qu’on a toujours eu et que l’on maintient, quelques joueurs français et quelques joueurs étrangers. S’ils sont étrangers, c’est que ce sont des joueurs confirmés qui ont l’expérience qu’ils peuvent apporter au club, et s’ils sont français, c’est qu’ils ont un fort potentiel, qu’ils veulent prouver, montrer que… et nous on va tout faire pour les amener jusqu’à l’équipe de France, qu’ils fassent briller le club, qu’ils brillent aussi eux-mêmes. Quand on a été chercher Yannis Lenne, il avait été au Barça mais était au plus bas de sa carrière, il avait une envie forte, pareil avec Hugo Descat qui était en difficulté et a retrouvé l’équipe de France. On ne veut pas être un club de relance mais aujourd’hui la réalité, c’est que pour conserver les meilleurs Français, ça devient très compliqué, ils seront combien la saison prochaine en France ? Même le Paris SG HB qui a le plus gros budget n’est pas le club qui a le plus de joueurs en équipe de France.
- La saison en cours est la première de l’après Patrice Canayer, ça n’est pas simple on peut l’imaginer. Le monde de fonctionnement avec son successeur, Erick Mathé est-t-il totalement différent ?
Pas tant, pas tant, ça se passait déjà très bien avec Patrice. On lui a toujours donné une image où il voulait tout contrôler etc… mais moi j’ai toujours bien travaillé avec lui, il a toujours été très respectueux de mon poste de président et il me laissait la place qui était la mienne. Et avec Erick, ça se passe très bien mais je dirais avec Erick et Christophe Puech, parce que Patrice était entraîneur et aussi manager général. Et donc aujourd’hui, l’entraîneur c’est Eric et Christophe Puech est le directeur général, on n’a donc plus de manager général, d’ailleurs je n’ai jamais compris la différence entre les deux. Peu de choses ont changé si ce n’est que j’ai peut-être un peu plus souvent Erick au téléphone que Patrice pour discuter des choix stratégiques. Le fonctionnement est quasiment le même si ce n’est que j’ai une personne investie sur chaque poste là où avant j’en avais qu’une seule pour les deux. Est-ce que ça me convient mieux ? Moi ce qui me convient, c’est de gagner (sourire). Patrice savait faire gagner une équipe, Erick sait faire gagner une équipe, on est dans la même dynamique.
- Troisième en championnat, quart de finaliste à minima de Ligue Européenne et demi-finaliste de la Coupe de France, quels sont les objectifs de cette fin de saison ? L’absence du moindre trophée depuis 2018 commence à devenir pesante, non !
Soulever un trophée, j’en rêve (rires), je l’attends avec impatience. On a fait deux finales de Coupe de France, une finale du Trophée des Champions, un Final Four d’EHL et on a gagné que des médailles de chocolat ou d’argent mais l’argent, c’est moins valorisé que l’or (rires). C’est clair que depuis que j’ai pris la présidence, mon rêve, c’est de gagner des titres et je veux que le MHB fasse partie des clubs qui comptent mais au bout d’un moment, fasse partie des clubs qui gagnent aussi. J’aimerais que ça soit cette saison, on fait tout pour que ça soit cette saison et encore une fois si ça n’est pas cette saison, ce sera la prochaine. On a aujourd’hui toutes nos chances de partout, on a beaucoup de blessures, on est affaiblis, cela fait trois ans que l’on n’a quasiment jamais eu l’équipe au complet mais je suis plutôt un chef d’entreprise qui cherche les solutions qu’un chef d’entreprise qui s’appitoye sur ses problèmes. La réalité, c’est qu’on est en course, qu’on a une bonne dynamique. Dans l’ordre, ma priorité est de remporter le Final Four de l’EHL parce que c’est la compétition que personne n’a jamais gagné en France, c’est celle qui me fait le plus briller les yeux. Maintenant, les objectifs principaux, c’est l’AccorHôtel Arena pour la Coupe de France, c’est Hambourg pour le Final Four de l’EHL et la 2e place minimum pour le championnat. Ensuite le rêve, c’est de gagner à l’AccorHôtel Arena, de gagner à Hambourg et si on peut aller chercher la 2e place. En EHL, la meilleure affiche pour nos chances de qualification, ce serait Toulouse et pour une compétition européenne, je préférerais Porto (match aller entre ces deux-là ce mardi au Portugal) qui n’est pas fou cette saison.
- Sauf revirement de la Métropole, il semblerait qu’il n’y ait pas de nouvel équipement en vue pour le MHB avant une décennie. Le retard avec les deux clubs qui vous devancent risque de se creuser un peu plus !
Déjà, on a un outil aujourd’hui, on n’est pas malheureux et on tire notre épingle du jeu avec ça, on fait avec ce qu’on a, notre objectif étant d’optimiser nos installations, c’est la première chose. On plafonne un peu depuis quelques années mais malgré tout, on réussit à augmenter un peu le budget chaque année, ça nous aide. Depuis, mon arrivée, on a réussi à gagner 500/600 000 euros, c’est pas énorme mais c’est déjà ça. Ensuite, je ne sais pas pourquoi tout le monde dit 10 ans parce que personne n’a jamais dit que ce serait pas avant dix ans. Christian Assaf ( ) a dit qu’il fallait qu’on s’arme de patience mais il a toujours été honnête par rapport à ça, de même que Michaël Delafosse (maire de Montpellier, Président Métropole), moi, il m’avait donné un objectif entre 2028 et 2030, et l’on est toujours dans cet objectif là à mon sens. La Métropole, je sais, travaille sur plusieurs possibilités parce que la volonté politique est de faire un nouveau stade ou en tous cas, d’avoir une enceinte sportive dans laquelle on puisse accueillir entre 5 et 6 000 supporters.La volonté politique est présente et le travail métropolitain est en cours de réalisation. Moi, je ne suis pas inquiet et puis après que j’ai une salle de 5000 ou de 2000 places, je me battrais, on se battra et le MHB sera là où il pourra être en fonction de ses moyens. Il est clair et net que si l’on veut retrouver de façon pérenne la Ligue des Champions, il nous faut cet outil. Aujourd’hui, j’ai bon espoir que on a arrive enfin à trouver. Je rappelle que la Métropole avait imaginé une possibilité au FDI Stadium, ensuite une possibilité à la place du Zénith etc… certains disent qu’ils nous baladent, je dis non, ils travaillent en fait. Malheureusement, le premier, ça ne l’a pas fait, le deuxième, ça ne le fait pas par le contexte actuel, eh bien on travaille sur une troisième possibilité, on continue. L’appui, le soutien et le travail de la Métropole est réel. C’est sûr que plus on attend, plus il y a un fossé qui se creuse, maintenant, on fera avec nos armes, on se battra et ça ne veut pas dire qu’on sera derrière.
- Après le départ de Patrice Canayer fêté de belle manière, il y aura d’autres festivités cette semaine pour la venue de Tremblay vendredi puis le mois prochain avec un alléchant « Match de gala », non ?
On va fêter le premier titre qui remonte à la saison 1994-1995 avec les joueurs qui étaient de cette saison là, des hommages, des séances de dédicaces lors de l’après-match, une offre exclusive l’écharpe collector + le livre des 40 ans. Et trois semaines plus tard, il y aura un match de gala, le mercredi 16 avril au FDI Stadium avec l’association « Neuf de Coeur » de Jean-Pierre Papin, des légendes du football, des joueurs emblématiques ayant porté le maillot de l’OM et/ou de l’équipe de France et des figures du MHB avec des matches de football et de handball, un superbe événement à ne surtout pas manquer.
- Votre implication de dirigeant dépasse le cadre du seul MHB, vous pouvez nous en dire un petit peu plus !
J’ai pu structurer du coup mon projet en quatre grands piliers. Outre le le soutien de la Région et du département importants à mettre en avant sur le plan économique, il y a le volet politique sportif. Aujourd’hui, je suis membre du comité exécutif de l’UCPH (Union des Clubs Professionnels de Handball) co-présidé par Christian Laffitte (président de Pau-Billère) et Alain Aubard (président de Limoges) après le décès d’Alain Poncet. J’en suis le trésorier depuis 5 ou 6 ans et je suis aussi élu au comité directeur de la Ligue Nationale ce qui est important pour l’évolution de notre sport, la philosophie… Et je suis toujours au board du Forum Club Handball, co-créé à l’époque par le MHB avec une quinzaine d’autres clubs européens qui est l’équivalent de l’UCPH mais au niveau européen. Sur le plan structurel, depuis mon arrivée, on a quand même réorganisé l’ensemble du club et j’ai créé MHB Events qui fait entre 50 et 70 événements par an ce qui n’est pas rien sur une structure à l’équilibre et ce qui peut nous permettre de gagner un peu d’argent, on est capable de tout faire. Il y a aussi le Fonds de Dotation qui fonctionne bien et il n’y a pas que le gala, l’Association même si je n’en suis pas le président qui a une responsabilité en étant la plus grande de France en nombre de licences avec le secteur féminin que je « supervise », et la SAS. On gère donc cinq structures représentées sous les couleurs du MHB, en cherchant à développer nos finances et notre image et ça, c’est important.
- Aujourd’hui, Julien Deljarry est un président toujours ambitieux mais un peu moins serein, c’est votre avis ?
Je suis très ambitieux mais je suis surtout conscient de la réalité. La réalité, c’est qu’il y a un contexte économique compliqué, on a aujourd’hui pas l’outil pour rivaliser au mieux, donc aujourd’hui, je ne peux pas affirmer que le MHB sera champion de France dans les 3-4 prochaines années. Par contre, ce que je peux affirmer, c’est que je ferais tout pour. Notre budget reste à la hausse malgré le contexte, je veux continuer dans ce sens là. Je ne suis pas serein mais je suis combatif et je ferais tout pour que le club reste compétitif dans toutes les compétitions.








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