En novembre 2021, ils figuraient au delà de la 1.000ème place mondiale (WTT) dans un classement bien peu fiable avec le Covid, aujourd’hui, Félix (17 ans) et Alexis (20 ans) Lebrun sont respectivement 5e et 16e joueur mondial, têtes de série n. 3 et 16 dans le tableau de simple qu’ils vont aborder ce dimanche 28 juillet, Alexis, lui, devançant l’appel en double mixte dès ce samedi.
Au fil des semaines, des mois… s’appuyant sur leurs qualités, le travail intense fourni, et une structure, la « Team Lebrun » qui s’est consolidée au fur et à mesure avec quelque trente personnes et six pôles différents autour du duo et du coordinateur, Nathanaël Molin (entraîneur national chargé des Lebrun), Dominique Legoût-Lebrun (juridique, relation médias, administratif…), Stéphane Lebrun (leur ancien champion de père) et toute la famille impliquée dans le projet (Margaux, Roxane), Julie Molin (coordinatrice de la partie médicale), Jérémy Surault (préparateur physique) pour ne citer qu’eux, les frérots, eux, ont assuré le service – le point fort de Féfé – à table. Bouleversant la hiérarchie, les codes, garnissant l’armoire à trophées avec des titres individuels et en double, Félix et Alexis sont devenus les deux locomotives du « ping » français qui leur doit incontestablement une nouvelle notoriété, l’augmentation du nombre de licences, un FDI Stadium plein comme un oeuf lors des championnats de France en mars dernier ou encore l’organisation d’un tournoi WTT Champions à la Sud de France Arena de Montpellier du 22 au 27 octobre prochain. Sur-sollicités ici et là, un jour conviés sur le plateau du 20 h, le lendemain dans toutes les émissions à audience, sujets du fameux « Intérieur Sport », raquette en main dans une grande surface partenaire, faisant les gros titres dans toute la presse régionale et nationale, depuis peu visibles dans la campagne publicitaire de Nintendo sur le petit écran, « têtes d’affiche » d’une « Famille en Or »… pas encore invitée dans l’émission éponyme… on les voit de partout ce qui ne leur fait pas pour autant oublier leurs belles valeurs avec ce rôle de parrain qui leur tient vraiment à coeur de l’Association Heart and Coeur en soutien à leur soeur aînée, Roxane (26 ans) qui a subi de multiples interventions cardiaques. Très bien élevés, affichant un comportement qui n’a pas varié dans le succès, honorant ainsi l’assemblée générale de leur club (le Montpellier TT qui est lié à Nîmes au sein de l’Alliance Nîmes Montpellier TT pour les équipes fanions) comme deux adhérents lambda, spontanés, natures… Félix et Alexis Lebrun s’inscrivent incontestablement parmi les chouchous du sport français aujourd’hui et l’ancien handballeur star Jackson Richardson, parmi d’autres témoignages de sympathie, leur a délivré un message très sympa avant les Jeux, relayé par Alexis sur son compte FB.
Arrivés au Village lundi, à l’entraînement le lendemain à l’Arena Paris Sud, s’offrant une séquence détente lors d’un petit match de basket de 3 x 3, avant une séance en salle de muscu et plus concentrés que jamais sur l’objectif, Félix et Alexis Lebrun, avaient eu l’extrême gentillesse, quelques jours avant de rejoindre la capitale, de répondre à nos questions. On passe donc à table avec les frérots.
FELIX LEBRUN
• Dans quel état d’esprit es-tu avant l’ouverture des Jeux que tu vas disputer en famille ce qui, j’imagine, te ravit quand l’inverse aurait été bien plus difficile à vivre même si Alexis était certain de jouer au moins la compétition par équipes ?
Nous sommes en préparation olympique et nous commençons à rentrer dans le vif du sujet. J’ai hâte. On va vivre un moment exceptionnel. Je suis très content de vivre tout ça aux côtés de mon frère. C’est top !
• Tu étais assuré de ton billet en simple depuis plusieurs mois, est-ce que ça t’a permis d’aborder plus sereinement les derniers tournois, de te concentrer plus sur ton jeu, d’étudier celui de tes adversaires… que sur la qualification proprement dite pour le simple et ceci tout en apportant ton soutien à Alexis ?
J’avais forcément moins de pression qu’Alexis et il a super bien géré. Moi, j’ai continué ma route. Le calendrier est bien chargé donc on était souvent en compétition. C’était difficile d’apporter mon soutien à Alexis. On était juste ensemble. On n’a pas toujours besoin de se parler pour ce genre de choses. Il sait que j’espérais qu’il performe. C’est mon frère. C’est normal. Je suis content qu’il ait pu se qualifier en gagnant un WTT. Il y avait un très bon état d’esprit entre lui et Simon (Gauzy).
• Tu seras tête de série n° 3, est-ce vraiment fondamental d’éviter les deux Chinois jusqu’en demi-finales ?
Oui, c’est vraiment important car ce sont les plus difficiles à battre malgré tout et les avoir en demi-finale et pas avant, c’est primordial pour se laisser le plus de chance possible pour une médaille. Ça enlève en partie le côté « chance » du tirage au sort.
• Outre Wang Chuqin et Fan Zhendong, n° 1 et 2 mondiaux, combien (et quels) joueurs sont susceptibles de lutter pour les médailles en jeu ?
Il y en a énormément. Il n’y a que 3 médailles et tous les joueurs du Top 10 et même du Top 20 peuvent très bien jouer et avancer dans le tableau. Les Japonais, Coréens, Suédois, Allemands sont très bons.
• Sur quoi ça va se jouer ? La forme du moment, la composition du tableau, la capacité pour toi, Français, de ne pas céder à la pression en France… ou un autre paramètre ?
C’est un tout. On ne peut pas définir tel ou tel paramètre. Ce serait trop simple. Il faut avant tout très bien jouer au ping pour se détacher et après, il faut un peu de réussite aussi!
• Vas-tu pouvoir prendre part à la cérémonie d’ouverture, c’est là le début du rêve ?
Je ne sais pas encore. Ça dépendra du jour de mon premier match. C’est assez fatiguant donc si je joue 48 h après, je pense que je n’irai pas (a priori, il a finalement décidé d’y participer NDLR).
• Il y a aussi la compétition par équipes où la France a une vraie carte à jouer comme à la dernière Coupe du Monde par équipes avec cette 2e place derrière la Chine ? Le titre est-t-il envisageable ?
Le titre, c’est vraiment difficile car la Chine est toujours présente et nous barre souvent la route. Mais une médaille est vraiment envisageable car on a une Equipe de France assez forte et très homogène avec Alexis et Simon.
• En simple, tu es en droit de rêver au titre vu ton statut de 5e mondial, à défaut, quel résultat te satisferait déjà ? Un carré final, le Top 8 ?
Je vais aux Jeux pour une médaille bien sûr, même si je suis conscient de la difficulté. Je vais tout faire pour y arriver, mais si je n’y arrive pas, je suis encore jeune et j’espère me qualifier pour d’autres olympiades.
• Est-ce qu’à 17 ans, tu souhaites aussi profiter de l’événement pour t’imprégner de l’ambiance, faire connaissance d’autres sportifs, aller voir d’autres disciplines ou bien est-ce que tu vas essentiellement rester concentré sur ta compétition ?
Je vais tout faire pour rester focus sur ma compétition mais j’aurais plaisir à croiser d’autres sportifs quand même.
• Allez, on s’avance un peu, tu es médaillé à Paris, quel pari un peu fou acceptes-tu de relever ?
Pourquoi pas retrouver Chen Jian, celui qui m’a inspiré, lui taper dans la main, lui dire merci et faire quelques balles avec son fiston Lukas qui doit avoir 14 ans maintenant.
ALEXIS LEBRUN
• Dans quel état d’esprit es-tu avant l’ouverture des Jeux que tu vas disputer en famille ce qui j’imagine, te ravit quand l’inverse aurait été difficile à accepter même si, dans l’incertitude de jouer le simple, tu étais certain de jouer au moins la compétition par équipes ?
Je suis dans un bon état d’esprit. On vit quelque chose d’assez exceptionnel donc il faut le vivre pleinement. Je suis très content et très fier d’avoir été chercher cette sélection en simple pour être, avec Félix, les 2 Français sélectionnés en simple. Je savais que je faisais le mixte et le par équipes, mais faire le simple aux Jeux, c’est quand même le graal pour un sportif !
• Tu t’es retrouvé à vraiment livrer un énorme duel à distance avec Simon (Gauzy) pour le deuxième billet en simple, tu as cumulé les bons résultats pendant trois semaines, sous la pression, avec ce doublé à Zagreb, le tout en jouant deux finales en double avec… ton rival en simple, une situation pas si évidente que ça à gérer ou ça ne t’a pas troublé du tout ? Qu’est-ce qui a fait la différence entre vous-deux ? Ta forme au meilleur moment qui soit, ou ta capacité à réussir quelques belles performances ce qui a été moins son cas ?
Forcément la situation était particulière d’autant plus qu’on s’entend très bien avec Simon. On savait qu’il fallait donner le maximum pour espérer être sélectionné en simple mais on savait aussi que notre plus belle chance de médaille était en équipe d’où l’importance du double ! On a réussi à vraiment super bien performer ensemble et j’ai réussi à produire un super niveau sur les dernières compétitions ce qui m’a sûrement aidé à être sélectionné. Simon a lui aussi fait une très belle année avec de super résultats d’où la difficulté de cette concurrence mais on a réussi à se tirer vers le haut et ça va nous aider pour le tournoi par équipes.
• Tu seras tête de série n. 16, ce qui ne te met à l’abri de rien dès le 1er tour ! Est-ce que ça t’élimine toute forme de pression ou est-ce que tu as la crainte de tomber sur un “cador” d’emblée ?
Je suis donc tête de série Top 16. Je ne me projette pas. On verra bien. Chaque compétition a son lot d’incertitudes. Pour briller aux Jeux, il faudra battre les meilleurs joueurs. Je ne pourrai pas rencontrer Félix avant la finale car il y a un système de protection entre les joueurs de même nation.
• Outre Wang Chuqin et Fan Zhendong, n° 1 et 2 mondiaux, combien (et quels) joueurs sont susceptibles de lutter pour les médailles en jeu ?
Il y en a énormément. Tous les qualifiés aux Jeux ont un très bon niveau. Certains ont déjà fait les Jeux et ce sera un avantage pour eux je pense. Les Japonais, Coréens, Allemands, Suédois sont très bons.
• Sur quoi ça va se jouer ? La forme du moment, la composition du tableau, la capacité pour toi Français de ne pas céder à la pression en France, à 20 ans… ou encore un autre paramètre ?
Il y a énormément de paramètres. Ce serait trop simple si on savait d’avance à quoi ça va se jouer ! Pour faire une médaille aux Jeux, il faut avant tout très bien jouer et arriver à maîtriser tous les autres paramètres le mieux possible.
• Vas-tu pouvoir prendre part à la cérémonie d’ouverture, c’est là le début du rêve ?
Non, je n’irai pas à la cérémonie. Je joue le lendemain. C’est trop fatiguant juste avant le début de la compétition.
• Il y a aussi la compétition par équipes où la France a une vraie carte à jouer comme aux derniers championnats du Monde par équipes avec cette 2e place derrière la Chine? Le titre est-t-il envisageable ?
Nous avons toujours l’envie et l’espoir de créer l’exploit, mais c’est encore très difficile de battre les Chinois. Petit à petit nous nous rapprochons, donc pourquoi pas ?
• En simple, la concurrence est lourde, le 16e mondial que tu es aujourd’hui peut-t-il rêver du titre ou est-ce que ça serait un petit peu trop gros ? Et à défaut, quel résultat te satisferait déjà ? Un carré final, le Top 8, le Top 16 ?
Je pars en me disant que je donnerai tout et que je ferai le maximum pour aller le plus loin possible. Mon objectif, c’est avancer match après match et tout faire pour performer et aller chercher une médaille.
• Est-ce que tu souhaites profiter de l’événement pour t’imprégner de l’ambiance, faire connaissance d’autres sportifs, aller voir d’autres disciplines ou bien est-ce que tu vas essentiellement rester concentré sur ta compétition ?
Je vais faire le maximum pour être le plus concentré sur ma compétition, mais c’est sûr que si je croise Nadal ou Wembanyama, je serai content de les voir !
• Allez, on s’avance un peu, tu es médaillé à Paris, quel pari un peu fou acceptes-tu de relever ?
J’affronte les Montpelliérains sur une table à la place de la comédie pour voir si c’est aussi difficile que les J.O !
Photos Rémy GROS/FFTT, Pierre DUPERRON, documents famille
Le blog de Pierre DUPERRON 
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